Tribune inter-associative parue dans le Nouvel Obs le 7 mars 2025

8 mars 2025 : pour un plan d’urgence pour l’égalité femmes-hommes
L’égalité femmes-hommes devait être la grande cause des deux quinquennats d’Emmanuel Macron. Elle ne l’a jamais vraiment été. Le premier mandat d’Emmanuel Macron s’était ouvert sur la déflagration #MeToo. Les attentes étaient élevées. Pourtant, les gouvernements successifs n’ont pas pris les mesures nécessaires pour réellement s’attaquer aux inégalités femmes-hommes et combattre les violences. Les réponses ont été trop faibles, et les moyens insuffisants.
Dès 2022, une cinquantaine d’organisations féministes s’étaient mobilisées pour demander un plan d’urgence pour l’égalité aux candidat-e-s aux élections présidentielle et législatives. Trois ans plus tard, trop peu d’engagements se sont concrétisés hormis la victoire sur la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) grâce à la mobilisation sans faille des féministes. Mais les chiffres ne sont toujours pas bons. Ni pour la lutte contre les violences, ni pour l’égalité professionnelle, ni pour les mères isolées, ni pour la solidarité internationale. Pire, des réformes comme celle des retraites de 2023 n’ont pas épargné les femmes alors que les inégalités ne font que s’aggraver tout au long de la vie.
Si cela ne suffisait pas, le contexte global - en Europe et dans le monde - est particulièrement préoccupant : l’avènement au pouvoir de fondamentalistes, de masculinistes, de misogynes et d’homophobes. Le vent risque de tourner très vite. Après des décennies de progrès, souvent arrachés de haute lutte par les féministes, nous risquons de connaître des heures sombres, pavées de reculs pour les droits des femmes et les minorités de genre dans le monde. En France, la montée de l’extrême droite est une menace plus que jamais réelle. C’est pour tout cela qu’il est plus que jamais urgent d’agir.
A défaut d’être une vraie grande cause, l’égalité de genre ne doit pas disparaître de l’agenda politique au gré de l’instabilité institutionnelle. En France et bien au-delà de nos frontières, grâce à notre diplomatie féministe, les moyens financiers doivent être mis sur la table et les discours transformés en actes. Les solutions nous les répétons depuis des mois, des années : une loi intégrale pour lutter contre les violences sexuelles, le renforcement des outils pour lutter contre les écarts de salaires, renforcer l’éducation à la vie affective et sexuelle pour nos jeunes, des mesures spécifiques pour les mères isolées, des fonds pour les droits des femmes dans les pays les plus pauvres. Le gouvernement doit enfin écouter les organisations de défense des droits des femmes ainsi que les syndicats et élaborer un réel plan d’urgence !
Nous le devons aux 12 générations de femmes et de filles qui ne connaîtront pas un monde égalitaire. Pour Gisèle Pelicot, dont le combat doit continuer à nous inspirer. Pour les 93 femmes tuées par leur conjoint ou ex l’année dernière en France. Pour Mahsa Jîna Amini, dont le combat pour les femmes, la vie et la liberté résonne encore. Pour les personnes LGBTQIA+, en particulier les personnes transgenres, qui sont de plus en plus attaquées. Pour les femmes afghanes à qui on veut enlever la voix. Pour les femmes congolaises dont le corps est utilisé comme une arme de guerre. Pour toutes les femmes qui travaillent pour gagner moins que les hommes et qui font plus à la maison. Pour toutes celles qui perdent la vie en la donnant faute de soins de qualité. Pour les millions de femmes qui vivent dans un pays où l’avortement n’est pas ou plus libre, comme aux Etats-Unis. Pour toutes les femmes défenseures des droits et de nos libertés fondamentales qui sont plus que jamais menacées.
Pour nous tou∙te∙s. N’attendons plus !
Signataires:
Alyssa Ahrabare, présidente de la Coordination française du Lobby Européen des Femmes (CLEF).
Judith Aquien, autrice.
Chirinne Ardakani, présidente de l’ONG Iran Justice.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Sonia Bisch, fondatrice du collectif "Stop aux violences obstétricales et gynécologiques".
Françoise Brié, Présidente Women Without Violence.
Margot Civeit, Co-responsable plaidoyer de l’Observatoire des VSS dans l’Enseignement supérieur.
Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU.
Violaine de Filippis co-presidente d action juridique féministe.
Emmanuelle Dancourt, Présidente de MeTooMedia
Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.
Sarah Durocher, présidente nationale du Planning Familial
Aurélie Gal-Régniez, directrice exécutive d’Equipop
Ophélie Latil, fondatrice de Georgette Sand.
Sarah Lebailly, Wafa Sahraoui, Yvonne M, co-fondatrices du collectif “Les Mères Déters”.
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.
Sarah Margairaz, fondatrice de la Collective des mères isolées.
Morgane Massart, présidente de Parents & Feministes.
Héloïse Onumba-Bessonnet, Directrice de LOBA
Laura Pereira Diogo, co-présidente de l’association StopFisha
Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !
Marie-Nadine Prager, présidente du Collectif pour une parentalité féministe.
Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid.
Lucile Quillet, autrice.
Laurence Rossignol, présidente de l’Assemblée des Femmes et sénatrice.
Muriel Réus, présidente de Femmes avec…
Françoise Ritter présidente Amicale du Nid.
Isabelle Steyer, Avocate présidente de l’association les Echappées belles
Hélène Simon, Présidente Fondatrice de l’association Je te crois je te protège