L’entreprise Orange, anciennement France Télecom, a t-elle réussi aujourd’hui à vaincre ses vieux démons ? Certes, le challenge à relever après l’hécatombe des suicides n’était pas des moindres : souffrance au Travail, fonte des effectifs, harcèlement moral, on aurait espérer que la nouvelle politique managériale que Stéphane Richard était censé incarner donne des résultats tangibles afin d’améliorer les conditions de travail du personnel et faire retomber la pression qui avait conduit à une situation dramatique dont la presse s’était d’ailleurs faite l’écho à plusieurs reprises. L’espoir était grand, les ententes tout autant.
Dans un premier temps des mesures avaient bien été prises pour relâcher la pression la où la situation était la plus tendue. Mais il aurait fallu que dans la durée cet effort soit maintenu et étendu à l’ensemble du groupe. Alors, dix ans après les faits, qu ‘en est-il ? La situation s’est-elle améliorée ?
Et bien, on peut fortement en douter. Une série de tracts diffusés par par le syndicat SUD Télécom montrent qu’après une courte période d’accalmie, la pression exercée sur le personnel a repris de plus belle avec son cortège de restructuration des services, de sous-traitance intensive et de course à la productivité.
Après sa condamnation par la justice dans l’affaire Tapi, Stéphane Richard poussé vers la sortie a du démissionner de son poste de Président d’Orange, sans que cela ne provoque un grand émoi chez le personnel. Les syndicats, eux, attendent que la nouvelle gouvernance montre un autre chemin que celui emprunté jusqu’à ce jour, uniquement préoccupé par le profit à tout prix.
Au centre des revendications figurent le pouvoir d’achat, la ré-internalisation des activités sous-traitées, et l’amélioration des conditions de travail, comme SUD Télécom le rappelle ci-dessous :
Les personnels des boutiques Orange en grande souffrance
Dans les boutiques Orange par exemple, le personnel qui s’est investi sans compter pour atteindre les objectifs, non seulement n’a aucun retour sur la fiche de paie, mais en plus, ils sont de moins en moins nombreux pour assurer l’accueil du public et satisfaire les demandes. C’est ce que souligne ce second tract de SUD :
Dégradation des conditions de travail et intensification des tâches
Dans un troisième tract, SUD s’intéresse surtout à la dégradation des conditions de travail et à l’intensification des tâches, tous services confondus. Là aussi le constat est accablant :
L’égalité homme/femmes en panne
L’égalité entre les hommes et les femmes est également évoquée, car cette question est loin d’être réglée au sein de l’entreprise, alors que la présence de l’État comme actionnaire principal aurait dû permettre d’imposer des règles claires sur cette question. Pourtant l’ancien opérateur public n’a toujours pas opéré sa mû, et continue d’ignorer ses obligations, notamment en termes de promotions. Voir ici l’analyse de SUD Télécom :
La question de la sous-traitance
La survenue d’un accident mortel chez un sous-traitant d’Orange préoccupe aussi beaucoup les militant-e-s de SUD. Sans préjuger des responsabilités, et se substituer à la justice, on peut tout de même s’interroger sur les responsabilités des uns et des autres, et notamment, celles du donneur d’ordres, dans la mesure où les conditions d’attribution des chantiers incitent fortement les entreprises sélectionnées à réduire leurs marges et par voie de conséquence, présurer un peu plus leur personnel. C’est cette question qui est au centre du dernier tract transmis par nos camarades de SUD Télécom.