Et maintenant ?
Le coup d’état permanent, avec 49/3 à répétition et gouvernements à l’identique, exprime la difficulté du pouvoir à sortir d’une contradiction majeure : ou bien privilégier les intérêts des détenteurs de capitaux ou bien répondre aux besoins du pays et aux aspirations des citoyens, notamment des jeunes.
Contrairement à leurs protestations de ces derniers jours, les capitalistes peinant à assurer un rythme d’accumulation croissant ne peuvent se développer qu’en abandonnant toute contribution aux biens communs et en pillant les fonds publics destinés aux travailleurs et au pays. Les gouvernements successifs sont incapables de dégager la moindre solution politique, le moindre « compromis » réel, au grand dam des socialistes.
Ce faisant, le pouvoir et les institutions perdent leur crédibilité.
Pour la première fois depuis longtemps, les manifestants mettent en cause directement la responsabilité conjointe du capitalisme et des gouvernements successifs. Ils ne s’arrêtent pas à réclamer des concessions, ils proposent des solutions potentiellement transformatrices : « Taxer les riches » est au cœur de toutes les revendications au-delà de leurs diversités. « Nous ne voulons pas de petits aménagements mais une politique de rupture » déclarent des syndicalistes.
Tout semble montrer qu’audelà de participation et de formes d’action différentes, nous sommes face à une véritable dynamique politique en formation.
Pour être réellement transformatrice, la revendication de justice fiscale qui irrigue le mouvement doit être connectée à l’exigence que la richesse produite par le travail n’aille plus enrichir les actionnaires et gonfler les marchés financiers, mais soit investie dans les services publics, la transition écologique et la réorganisation de l’économie en fonction des besoins réels.
Les partis de gauche restent en deçà de ces nécessités. L’autre enseignement du mouvement, c’est que depuis Nuit Debout et les Gilets jaunes, les citoyens commencent à penser qu’ils sont les mieux placé.e.s pour agir et élaborer des solutions. Ils n’attendent plus les directives. Là encore, la gauche est en deçà. Le moment n’est-il pas venu de s’engager dans la construction d’alternatives concrètes, en évaluant collectivement les besoins et les moyens à mettre en œuvre, commune par commune, entreprise par entreprise, les transformant en lieux d’émancipation, de pouvoir-agir et de vivre ensemble autrement ?
Catherine Bottin-Destom et Josiane Zarka E
https://ceriseslacooperative.info/2025/10/03/journal-doctobre-3/