Ce mois d’octobre encore, nous sommes incité-es à porter le fameux ruban rose contre le cancer du sein. Tant mieux si c’est l’occasion au travail de parler de cette maladie encore taboue et de passer quelques messages de prévention.
Mais il ne faut pas cacher que c’est aussi l’occasion de récupérations marketing honteuses sur le dos de la prévention des cancers. Cette appropriation des luttes des femmes contre cette maladie a commencé dès l’origine de ce ruban rose.
Dans les années 90 Charlotte Haley, a sans moyen et sans relâche alerté le public sur le manque de mesures de prévention contre le cancer et notamment celui du sein. Elle avait été entourée de femmes dans sa famille touchées par cette maladie. Pour afficher son soutien à sa cause, elle proposait des rubans faits par elle et de couleur pêche aux personnes. Démarchée par une entreprise de cosmétiques, elle a refusé de céder son idée et rubans à une entreprise commerciale, qu’à cela ne tienne Estée Lauder a changé la couleur pour du rose !
Depuis, grand nombre d’entreprises notamment de cosmétiques ont rejoint le mouvement. Et dans les hôpitaux, les femmes touchées par le cancer sont incitées à « rester féminine » comprendre mettre des crèmes et du maquillage… alors qu’elles doivent affronter des traitements difficiles et souvent de grands bouleversements dans leur vie.
Tant mieux si les hôpitaux proposent une aide aux femmes touchées par cette maladie et que ses soins esthétiques aident à se sentir mieux pour certaines patientes. Mais on serait aussi très heureuses qu’on laisse tranquille les femmes avec ces injonctions à rester « féminine » ! Puisqu’il faut le dire : On a droit d’avoir un teint dégueu pendant les traitements du cancer et d’être pourtant câlinées et admirées !
Comme Charlotte Haley, revendiquons des moyens pour la prévention des cancers, revendiquons des moyens pour les hôpitaux, revendiquons des moyens pour la recherche !
Retrouvez notre analyse et nos revendications dans notre tract précédant : https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/argumentaires/cancers-feminins-a-bas-le-sexisme/
A la distribution éphémère de ruban rose, nous préférons des messages concrets. Apposons et diffusons dans tous les lieux de travail ces affiches en recto du tract. Des signes avant-coureurs d’un cancer peuvent être détectés par soi-même mais pour cela il faut en avoir été informée !
Le terme « pinkwashing » a été inventé il y a 22 ans par l’association américaine militante Breast Cancer Action en réponse à l’augmentation des campagnes de sensibilisation au cancer du sein et à l’utilisation commerciale du Ruban rose. Frustrée par le manque de responsabilisation et de transparence, ainsi que par l’hypocrisie des marques, cette association a lancé, en 2002, la campagne « Think Before You Go Pink » (pensez avant de roser) afin que cesse l’exploitation des personnes atteintes d’un cancer du sein et de la maladie en elle-même, et afin d’encourager les consommateurs à réfléchir avant d’acheter des produits et services estampillés du Ruban rose.
