Ce numéro est consacré à la situation mondiale. Vaste sujet certes. Nous le traitons ici, non en tant que commentateurs et commentatrices ou pseudo-spécialistes de géopolitique, mais en tant que syndicalistes. C’est-à-dire qu’il s’agit de discuter de ce qui touche aux intérêts immédiats de notre classe et aux perspectives d’émancipation sociale. Comme à l’accoutumée, ce sont majoritairement des syndicalistes qui s’expriment, aux côtés de militantes et militants de mouvements sociaux, dont nous affirmons qu’ils ont leur place dans le syndicalisme de transformation sociale.
Ophélie Gath, Boris Plazzi et Caroline Chevé livrent un état des lieux des débats qui traversent les trois organisations – Solidaires, la CGT et la FSU – à propos de l’économie dite de guerre, des solidarités, de la recherche de paix juste durable. Trois contributions complétées par d’autres, des Soulèvements de la terre et d’ATTAC-France.
A propos de paix, Christian Mahieux relève que tout le monde est pour, y compris celles et ceux qui organisent ou soutiennent occupation militaire et colonisation. Verveine Angeli fait part de réflexions sur la situation actuelle qui traversent le mouvement social, tandis que Gérard Gourguechon décortique la nouvelle phase du capitalisme, représentée par Trump, Vance ou Musk. Natascha Elena Uhlmann, de Labor Notes, et Dan La Botz racontent la résistance syndicale aux États-Unis.
Un débat de la Semaine anticoloniale et antiraciste 2025 est retranscrit : il s’agit des interventions de Said Bouamama du FUIQP et Bernard Dréano du CEDETIM à propos de la recolonisation du monde et des logiques impérialistes.
Brendan Chabannes analyse la montée du fascisme à travers les pouvoirs états-unien et russe ; les monstres sont lâchés nous dit Nara Cladera, qui, dans un second texte, revient sur l’histoire de ces extrêmes droites très internationales. Avec Anna Recalde Miranda et à partir du film De la Guerre Froide à la Guerre Verte, elle raconte la découverte des « archives de la terreur » liées au Plan Condor.
Plusieurs textes traitent de l’armement, de la nécessaire défense collective, de la militarisation. Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein insistent sur l’importance de la démocratie aux armées ; Nicolas Galepides dénonce les projets gouvernementaux de livret d’épargne pour l’armement ; Mathilde Larrère brosse l’histoire de la lutte pour l’égalité femmes/hommes en matière d’armement ; enfin, Bérangère Basset rappelle en quoi la lutte contre le SNU est une lutte syndicale.
Syndicalistes en temps de guerre ? Patrick Le Tréhondat raconte les exemples ukrainiens. À partir d’exemples concrets, Ignacy Joswiak, du syndicat polonais Inicjatywa Pracownicza, explique le contexte lorsqu’il est déjà trop tard pour empêcher la guerre. Alaa Busati rend hommage à la résistance des femmes soudanaises. Joseph Daher nous fait profiter de son retour en Syrie après la chute d’Assad. Linda Sehili pose la terrible, mais lucide, question concernant la Palestine : que faire ?
Ce numéro ne comprend pas d’articles hors dossier. Il est vrai que celui-ci est suffisamment dense. Nous ne définissons pas ici une ligne à suivre, nous voulons fournir des outils pour la formation, les débats, les actions syndicales. Toujours dans la perspective d’un syndicalisme s’attelant à cette « double besogne » définie par la Charte d’Amiens de 1906, dont nous savons, plus d’un siècle après, qu’elle ne doit, en réalité, faire qu’une, en articulant les luttes pour les revendications d’aujourd’hui et la construction de la rupture avec le système capitaliste et toutes les oppressions. Dans cette optique, et pour en revenir au thème de ce numéro, une chose est sûre: tous les régimes autoritaires, fascistes, d’extrême droite, impérialistes, colonialistes sont nos ennemis.