Lire Mazan ou pourquoi une majorité de femmes, seules en forêt, préféreront rencontrer un ours qu’un homme
Procès de Mazan:
La déflagration de Cynthia Illouz L’auteure met en lumière les mécanismes de soumission chimique, l’objectification des femmes et la banalisation des violences en liens avec la pornographie violente que révèle ce procès historique. Elle appelle aussi à une réforme radicale des institutions.
Écrire Mazan
Écrire Mazan d’Élise Costa raconte ce procès historique et son hors-champ. Plus de 165 médias se sont accrédités auprès du tribunal judiciaire d’Avignon. Tous les détails de cette affaire ont parcouru les chaînes d’information et les journaux. Comment raconter ces faits ? Comment écrire la complexité des débats et des rapports humains ?
La journaliste Élise Costa raconte la construction de ses articles pour Slate.fr, reproduits dans l’ouvrage, dévoilant en regard sur les pages de gauche ses notes, dessins et recherches préparatoires. En racontant son processus d’écriture — de la longueur des phrases à l’importance des angles ou des premiers mots d’un article —, l’autrice offre une sorte de précis de journalisme judiciaire.
Pour que l’on se souvienne de Caroline Darian
Le 19 décembre 2024 s’est clos le procès de Mazan, inédit par son ampleur, son impact et par le courage de Gisèle Pelicot. Caroline Darian, la fille de la victime et du bourreau, nous offre son regard unique sur cette tragédie, révèle l’inachevé de l’enquête, et poursuit sans relâche son combat contre la soumission chimique et pour la manifestation de la vérité. Pour que l’on se souvienne de ce qui s’est joué à Mazan, avant et après. Pour que l’on n’oublie pas les victimes qui n’ont ni preuves ni souvenirs.
La chair des autres de Claire Berest
L’écrivaine Claire Berest a suivi le procès pour Paris Match, « cherchant, en allant le voir en face, la clé de [son] obsession pour le mal ». La Chair des autres décortique les mécanismes — et les mots — de la bascule vers l’acte criminel, pour des accusés qui reconnaissaient les faits mais niaient farouchement être des violeurs.
Vivre avec les hommes, réflexions sur le procès Pélicot, de Manon Garcia
Le 2 septembre 2024, s’ouvre à Avignon le procès de Mazan. Manon Garcia, philosophe féministe, a suivi ce procès jusqu’au verdict en décembre. Déjà autrice d’ouvrages sur le consentement ou la soumission, elle se pose dans cet ouvrage la question suivante : “Peuton vivre avec des hommes ?” Lors de ce procès 51 hommes sont accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot, lorsqu’elle était droguée par son mari Dominique Pélicot également inculpé. Ce procès est pour la philosophe l’occasion de réfléchir sur la domination masculine, le consentement et la place de la justice pénale dans le système patriarcal. Dans cet ouvrage, Manon Garcia nous explique qu’après les mouvements féministes, la justice ne suffira pas pour éradiquer les viols. En effet, le procès Mazan révèle la banalité des violeurs (des journalistes, pères de familles, des ouvriers) et la facilité avec laquelle ces crimes ont pu être commis. Durant le procès, la philosophe assiste aux débats, à l’instruction des dossiers. Elle est présente quand les vidéos de viols tournées par Dominique Pélicot sont visionnées devant le public. En assistant au procès, elle est témoin du manque de connaissance par les accusés des violences sexuelles dont ils ont été les auteurs et leur refus de reconnaître leur responsabilité. Pour la philosophe, s’il est aussi facile de soumettre chimiquement et violer une femme et si autant d’hommes sont prompts à le faire, l’inscription du consentement dans la loi ne changera rien. Pour Manon Garcia, le procès de Mazan souligne que l’immense majorité des hommes ne se sentent pas concernés par les violences sexuelles et que la force et la puissance des mouvements féministes ne les atteint pas. Malgré la dureté de l’analyse de cet ouvrage, la philosophe nous rappelle aussi la force et l’impact de ce procès dans le monde féministe. Elle décrit l’engagement quotidien et le soutien des militantes féministes aux côtés de Gisèle Pélicot, montrant comment elle, ses avocats et ses soutiens transforment ce procès en un procès féministe historique.
Procès Mazan: Une résistance à dire le viol de Mathilde Levesque
Contournement des faits, minimisation de leur gravité, création de vérités alternatives : les propos tenus au procès des viols de Mazan ont pu ressembler à un exercice d’esquive. Un enjeu majeur des audiences aura été, pendant trois mois, de retrouver le contact avec le réel. En analysant les discours des différentes parties, Mathilde Levesque (agrégée de lettres) met en lumière notre difficulté collective à nommer et donc reconnaître les violences sexistes et sexuelles. L’autrice analyse le « détournement du sens des mots et des fonctions du langage » à l’œuvre lors des débats.
Notre affaire de Mathieu Palain et Louise Colcombet
Une bande dessinée découpée en trente séquences, chacune dessinée par un auteur différent, couvrant les moments clés du procès des 51 hommes reconnus coupables d’avoir violé Gisèle Pélicot à son domicile. A travers des histoires individuelles, des portraits et des pages documentaires, la culture du viol et de la violence masculine est dénoncée, avec le procès d’Avignon comme fil conducteur.
Mazan la traversée du styx de Marion Dubreuil
Journaliste spécialisée dans les violences sexuelles, Marion Dubreuil interroge le procès de Mazan et ses effets sur la société. Elle convoque les figures de Gisèle Pelicot et d’autres victimes, révélant les violences ordinaires et la domination masculine. A travers ce procès et d’autres suivis depuis sept ans, elle cherche à comprendre comment de tels crimes peuvent exister. « Après Mazan, on ne peut plus faire de chroniques judiciaires simplement pour raconter des histoires. En étant extérieur, sans s’impliquer, sans s’engager. […] Plus que jamais j’ai envie de multiplier les supports, d’épuiser les formes, le compte-rendu en temps réel sur les réseaux sociaux, le croquis d’audience, la chronique radio, l’article rétrospectif. Une chronique à trois cent soixante degrés. Comme si l’exercice de la justice résistait au regard de celles et ceux qui l’observent et tentent de le décrypter. Comme si la vérité se dérobait sans cesse. » Marion Dubreuil lève le voile sur les travers qui distordent le traitement judiciaire des affaires de violences sexuelles et sexistes. Elle livre ici une analyse critique personnelle et féministe de la justice française.
Pour que la honte change de camp d’Anna Margueritat
Spécialiste des mouvements sociaux, elle couvre les manifestations depuis plusieurs années en s’intéressant en particulier à la place des femmes au sein des luttes. De septembre au verdict attendu en décembre prochain, elle aura couvert l’intégralité du procès Mazan en tant que journaliste indépendante. Anna Margurita retranscrit cette expérience unique et éprouvante d’un procès public, d’accusés niant leur responsabilité et d’une victime affrontant avec dignité cette violence. Édité chez la Meute (réf Solidaires et egales été 2025)