ATTAC et le combat pour la justice fiscale

Voici 25 ans, l’association Attac est née pour défendre la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF).

La proposition, que l’association défend toujours, portait sur une taxation de l’ensemble des transactions financières – changes, actions, obligations, options, produits dérivés etc. – à 0,1 %. Les objectifs de la TTF sont de réguler la finance, de lutter contre la spéculation, et de financer, grâce à une partie de l’argent collecté, les biens publics mondiaux.

Taxer les transaction financières

Cette proposition, qui a suscité un réel engouement, a également provoqué des réactions de la part des opposants à cette taxe qui, pour nombre d’entre eux, était impossible et néfaste à mettre en œuvre. 25 ans après, si la TTF proposée par Attac n’est toujours pas mise en œuvre, l’idée s’est cependant imposée. Mieux, l’argument de l’infaisabilité ne tient plus, puisqu’il existe une TTF en France. Celle-ci n’impose hélas pas l’ensemble des transactions financières, elle dégage un rendement budgétaire d’environ 1,5 milliard d’euros par an. Si la faisabilité d’une réelle TTF n’est aujourd’hui plus réellement débattu, sa nécessité s’impose peu à peu. Une proposition de « coopération renforcée » au sein de l’Union européenne est d’ailleurs toujours en cours de discussion. Si la France se refuse à la rejoindre, la proposition aurait le mérite d’élargir le nombre de transactions imposés à la TTF qui, selon les études d’impact, pourrait rapporter 57 milliards d’euros au sein de l’UE. La TTF n’est désormais plus regardée comme un projet utopique.

Traquer les paradis fiscaux

Dés la création, fidèle à son orientation altermondialiste, Attac a également été l’une des organisations les plus investies dans la lutte contre les paradis fiscaux et contre l’évasion fiscale internationale. L’association a ainsi publié de nombreuses expressions sur le sujet, elle a également menée des actions pour interpeller les opinions et les pouvoirs publics. L’action des « faucheurs de chaises » a consisté à emprunter des chaises dans des agences bancaires, le message qui était alors adressé aux banques était le suivant : « nous rendrons les chaises quand vous aurez rendu l’argent ! ». Cette action a contribué à mettre la pression sur les banques françaises qui disposent de filiales dans les paradis fiscaux. L’une d’elle, la BNP Paribas, a cru bon de porter plainte contre l’un des « faucheurs de chaises » dont le procès a été l’occasion pour Attac et de nombreuses organisations et personnalités d’organiser dans la ville du procès (Dax), une manifestation de soutien et le procès de l’évasion fiscale en janvier 2017. Pendant deux jours, ce sont plus de 2.000 personnes qui ont défilé et participé à cet événement qui a fait l’objet de nombreuses reprises médiatiques permettant de populariser ce combat.

Désobéissance civile

Celui-ci est désormais plus global, il intègre toutes les dimensions de la justice fiscale et s’appuie tout à la fois sur des productions (communiqués, livres, notes) et des actions de désobéissance civile. Les actions menées devant les banques ou dans des lieux symboliques comme le siège de campagne d’Emmanuel Macron début 2022, dans la Samaritaine ou encore au Bourget (pour dénoncer les jets privés, symbole de la pollution des hyperriches) portent toutes l’exigence légitime d’une meilleure répartition des richesses, seule à même de réduire les inégalités, financer les biens communs et faire face à la transition climatique qui, pour Attac, doit prendre la forme d’une bifurcation sociale et écologique (voir la note d’Attac d’octobre 2022 sur le sujet). Les idées d’Attac sont parfois défendues devant les parlementaires à l’occasion d’auditions officielles (sur la fiscalité du patrimoine ou sur les impôts des entreprises) ou avec les organisations qui partagent ce combat. Il en va ainsi de l’Alliance écologique et sociales (AES), qui défend la proposition d’une taxe sur les superprofits notamment.

Pour la justice fiscale

C’est sur cette exigence d’une véritable justice fiscale, sociale et écologique qu’ont été engagées deux campagnes en 2024. L’une porte sur les « banques toxiques » et l’autre, complémentaire, sur la justice fiscale. Celle-ci, intitulée « Superprofits, superriches et méga injustices », portent 6 propositions visant à imposer davantage les plus riches et les multinationales. Cette campagne a été lancée sur la base d’une note, d’un « petit guide » illustré et d’une action menée en février 2024 au futur siège de LVMH, dont le patron est la personnalité la plus riches du monde. En déployant sur la façade du bâtiment le message « tax the rich » dans le cadre d’une campagne pour la justice fiscale, Attac a réaffirmé son message historique dans une période qui a connu de nombreux scandales ne matière d'évasion fiscale et qui connaît dans la période actuelle plusieurs initiatives en faveur, notamment, de l’instauration d’un véritable impôt sur la fortune, au plan national, européen et international.

Si ce combat est rude et affronte une idéologique servie par des intérêts puissants, il n’en demeure pas moins non seulement légitime mais également de plus en plus reconnu. A l’instar du conflit contre la « réforme des retraites » dans lequel Attac s’est engagé aux côtés des organisations syndicales, mais qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont imposée de force en 2023, la demande d’une véritable justice fiscale n’est certes par parvenue à entrer concrètement dans le faits, mais elle s’est imposée dans le débat public.